Mieux qu'une caisse de Lexomil, et pour répondre à mon QI préféré...

A propos de la citation d'Hannah Arendt suscitée :

Cette chère Hannah fait ici référence au double fonctionnement socratique et aristotélicien de la "vita activa" et de la "vita contemplativa" de l'homme dans son mode d'appréhension du monde, mode de vie théorisé par les philosophes, tant dans les civilisations grecque que latine, et dont la différenciation explique les divergences de pensée et de philosophie de ces deux systèmes pourtant forts semblables sur un plan politique.

La question de la solitude dans la vita contemplativa est assez vite réglée, quoique... Elle se traite ontologiquement et fait référence à ce que l'on nomme "l'essence" de l'homme, qui, pour Arendt, est définitivement indescriptible, la chose ne pouvant se définir elle-même. La solitude serait alors un choix de vie, et non un isolement existentiel qui nierait à l'ermite son statut d'être humain.

Hannah Arendt est une philosophe politique. Elle analyse ici, non pas la nature humaine, mais les conditions dans lesquelles l'être humain peut vivre en temps qu'Homme, dépassant son statut d'animal. Elle insiste sur la prédominance de la "vita activa" sur la "vita contemplativa".

Pour Arendt, l'homme est, avant toute chose, un homme parce qu'il est un être politique (au sens de "polis" grec ou "res publica" latin). Le sens de sa vie réside dans l'action (et non dans l'acception moderne de "comportement"), action qui lui confère sa dignité et sa raison d'être au monde (l'homme, à défaut d'être immortel, participe à ce besoin d'éternité, par ses actes, ceux qui demeurent, oeuvres ou exploits par exemple, et par la transmission de la vie aux générations futures, l'éternité traduite en actes dans la quête d'immortalité en somme, condition de son statut humain). Il est "h"omme dans la vie publique, "H"omme dans sa vie privée.

La solitude n'est donc que commune...
La solitude existentielle n'est possible que par la négation de notre statut d'être humain... Ce qui, vous en conviendrez, est assez proche d'une certaine idée fasciste et si atrocement célèbre...

Sachant qu'Arendt, de confession juive bien que non pratiquante, a échappé de peu à l'extermination de son peuple et que son socialisme notoire est la toile de fond de l'analyse qu'elle a fait dans son oeuvre philosophique du statut de l'Homme dans notre civilisation moderne, celle qui doit vivre avec l'horreur et l'incompréhension du pire, nous comprenons plus aisément l'injonction d'appartenance à la communauté humaine que notre statut d'Homme impose...

La solitude n'est possible qu'au milieu de nos pairs. L'appartenance à l'humanité, le dernier rempart contre la barbarie...

Je m'arrête là, j'en entends déjà ronfler !