dimanche 26 septembre 2010

Ne me remerciez pas !

Je sais, vous allez me dire que là, j'abuse. Que Hannah Arendt, Momo Merleau-Ponty, Caton et compagnie, passe encore, mais Nietzsche, outre l'imprononçabilité de son nom associée à l'hermétisme à peine voilé de sa pensée, ça commençe à faire un peu beaucoup...
Et bien, je suis au regret de vous dire que cela n'est pas terminé, loin s'en faut, et que jamais vous n'auriez autant dû me remercier que dans tous ces cas où vous ne pouviez nier le rôle prépondérant de ces intermèdes philosophiques.

M'avez-vous remercié lorsque vous avez enfin trouvé un sommeil qui tardait sacrément à rapliquer, sur les coups de très tard dans la nuit, relisant des citations qui n'ont rien à envier à la boite vide de Lexomil qui trônait sur la commode... ?
M'avez-vous remercié lorsque, lors de la dernière "mise au point" avec votre con-joint, vous avez cité Kant avec cet air assuré qui en a bouché un coin (coin) à l'être susmentionné ?
M'avez-vous remercié lorsqu'au dernier repas de famille, vous avez précisé à votre entreprenante belle-soeur qui vous demandait pour la énième fois pourquoi vous ne veniez pas la voir plus souvent, que "la pensée ne nous donne pas directement le pouvoir d'agir", lui citant Martin Heidegger comme on ouvre une bonne bouteille de villageoise ?

Non, bien entendu ! Mais je ne vous en veux pas, soyez-en assurés.

Et pour gage de mon pardon le plus total, je vous laisse méditer à propos de, lire et relire, vous en dormir avec, répliquer à, crier sur, vous réjouir de la suite :

"Nous avons aboli le monde vrai : quel monde restait-il ? Peut-être celui de l'apparence ?...Mais non ! En même temps que le monde vrai, nous avons aussi aboli le monde des apparences !".

Nietzsche, Crépuscule des Idoles.

2 commentaires:

Mille remerciements a dit…

"Sur l'apparence est bien fou qui se fonde."

La rouscasse a dit…

L'appât rance ne trompe jamais son monde bien longtemps !