Mon cher Ministre,
Dis-donc, ça fait un bail, un peu plus, je me faisais oublier. Je me permets toutefois de nouveau un peu de familiarité dans nos échanges, qui demeurent malheureusement unilatéraux. De l'eau a coulé sous les ponts, la rentrée aussi ?
Sur France Inter, aujourd'hui, l'auditeur matinal pouvait prendre des nouvelles des professeurs stagiaires jetés depuis un mois dans le grand bain sans les bouées. Apparemment, l'eau est un peu froide. "Seuls les plus forts s'en sortiront", ai-je entendu de la bouche même d'une quasi-noyée. Je t'invite à aller lire leurs témoignages sur le site de la radio publique susnommée, qu'on ne peut désormais même plus taxer, il me semble, de parti-pris contre le gouvernement. Si le contexte n'était pas aussi triste, je trouverais ça plutôt drôle, en tout cas, fort bien écrit. Inutile de revenir sur cette formation qui n'en est plus une, tout le monde a compris.
Je suis ravie que mon idée de livre "Etre prof pour les Nuls" ait fait son chemin. En effet, sur le site du SCEREN, le site officiel de formation (?) de l'Education Nationale, on trouve des vidéos fort utiles pour démarrer sa classe. Je comprends qu'on ait souhaité faire dans le rapide : en quelques films de 3 à 5 minutes chacun, on trouve tout ce qui est nécessaire pour réussir sa rentrée, que dis-je, son année, voire sa carrière. Evidemment, entre leurs heures de cours, de formation (?), de préparation, de correction, on peut difficilement demander aux stagiaires de trouver en sus le temps de lire un livre... Les images sont enrichissantes, et si vous en voulez encore, profs en devenir, vous pouvez également commander le DVD au CNDP. Merci, mon cher Ministre.
Une petite remarque tout de même :
Tout d'abord, bravo aux formateurs (?) qui ont réuni un casting complet de profs chevronnés susceptibles de répondre rapidement aux interrogations des récents diplômés. Cependant, il faudrait peut-être à l'avenir leur demander de revoir leur texte : le verbe "essayer" est beaucoup trop récurrent dans leurs propos, me semble-t-il. Parce que là, il ne s'agit pas d'essayer, mes chers petits , mais bien de réussir, et maintenant, ou plus exactement avant-avant-hier. Donc on serre la vis, quitte à la desserrer après la Toussaint - plus que trois semaines sans sourire, une rigolade -, on a évidemment présenté sa progression complète jusqu'en juin 2011, imaginé un projet digne de ce nom, capable de susciter l'engouement des élèves, marqué les points forts de l'année, réfléchi au matériel, à ses exigences, au rythme des évaluations... le tout en deux jours, les 1er et 2 septembre derniers. Si vous avez raté le coche, tant pis, c'est mort pour cette année. En admettant que vous ayez la chance (le risque ?) d'être titularisé(e), remettez donc le couvert en septembre prochain. Bref, on ne tente rien sans réussir. J'en veux pour preuve une charmante bafouille de son inspection académique à une professeur stagiaire un peu débordée qui a dû s'arrêter parce que prise de panique à l'idée de retourner devant une classe : ma p'tite dame, il va falloir bien réfléchir, êtes-vous bien sûre de vouloir faire ce métier ? Auquel cas, retournez donc dans la cage aux lions, parce que les élèves, eux, ont mérité un prof digne de ce nom, présent chaque semaine de l'année, non mais. Je te la fais courte, j'imagine que tu es le mieux placé pour connaître le contenu de ce type de courrier. Sinon, à quoi ça sert d'être ministre, je te le demande ?
Démissionner ou ne pas démissionner, telle est la question. J'imagine qu'ils auront le loisir d'y réfléchir à la Toussaint. Ambiance de 1er novembre, chrysanthèmes, pluie et grisaille : je vais travailler chez Mc'Do ou je leur prépare un joli masque d'Halloween pour le retour des vacances ? En voilà un beau projet interdisciplinaire (le soutien de l'équipe pédagogique est indispensable, on vous l'a assez dit et répété ; je comprends, c'est tout ce qui reste et ça ne coûte rien). Alors : Anglais - Do you like candy ? SVT - qu'est-ce qu'une citrouille ? histoire-géo - où se trouvent les Etats-Unis ? français - histoires de sorcières, que sais-je encore ? On ne pourra pas dire que je ne veux pas aider.
Finalement, il est inutile de me remercier par courrier, je ne sais pas ce que j'ai en ce moment : je redoute un peu les enveloppes à en-tête du Ministère,du Rectorat, ou même de l'Inspection académique.
Toujours irrespectueusement vôtre,
AST
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