"Seuls, les esprits vulgaires s'abaisseront à tirer orgueil de ce qu'ils ont fait; par cet abaissement ils deviendront esclaves et prisonniers de leurs propres facultés et, pour peu qu'il leur reste autre chose qu'une vanité stupide, ils découvriront qu'il est aussi dur et peut-être plus honteux d'être l'esclave de soi que d'être le serviteur d'autrui. (...) Le problème du génie n'en est pas moins réel : on le voit clairement dans le cas des "gens de lettres", chez qui l'inversion de l'homme et de la production est chose faite. Ce qu'il y a d'outrageant dans leur cas, ce qui d'ailleurs, plus encore que la fausse supériorité intellectuelle, les rends odieux au public, c'est que leurs pires productions sont souvent meilleures qu'eux-même. C'est la marque de l'intellectuel de rester indifférent à la terrible humiliation qui pèse sur le véritable artiste, le véritable écrivain : devenir "le fils de son oeuvre", condamné à s'y voir comme dans un miroir, limité, tel et tel."
Hannah Arendt, L'homo faber et l'espace de l'apparence, in Condition de l'homme moderne.
C'est à peu près ce que j'ai ressenti en lisant, à grand peine, le dernier ouvrage d'Amélie Nothomb, qui ferait bien de creuser la sienne au vu de l'affligeant scénario et du style plus que redondant de ce sempiternel roman "septembrien". En voilà une qui est définitivement tombée dans le travers de l'écrivain commercial.
Avec tout le mépris que j'éprouve pour ce type de démarche "intellectuelle" et existentielle...
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