jeudi 4 novembre 2010

Des maux pour le dire

"D'abord ils ont tort de critiquer [les épicuriens] l'habitude de penser d'avance à l'avenir. Il n'y a rien en effet qui émousse et soulage le chagrin autant que la pensée continuelle dans la vie entière : "nul événement n'est impossible", que la méditation de la condition humaine, que la loi de la vie et la pensée fréquente d'y obéir; loin d'amener une affliction constante, cette pensée fait que nous ne nous affligeons jamais. Quiconque pense à la nature des choses, à la variété de la vie, à la faiblesse du genre humain, ne s'attriste pas en y pensant; mais c'est alors surtout qu'il s'acquitte des fonctions de la sagesse. Il atteint en effet deux résultats : par la considération des choses humaines il emplit l'office propre du philosophe, et il y trouve une triple consolation pour remédier à l'adversité : d'abord d'avoir pensé longtemps à ce qui pourrait arriver, pensée qui a elle seule est la plus propre à atténuer et à détruire les chagrins; ensuite de comprendre qu'il faut supporter en homme les choses humaines; enfin en considérant qu'il n'y a d'autre mal que la faute et qu'il n'y a pas de faute lorsqu'il arrive un événement dont l'homme ne peut être responsable."

Cicéron, Tusculanes, Livre III.

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