Il ne m'aura fallu que quelques minutes d'attention et trois nécessaires euros de moins à mon actif pour découvrir ce très "utile" opuscule au titre éponyme.
Mon oeil avisé avait, depuis quelques jours déjà, répéré un titre aussi prometteur que celui-ci, au cours de l'une de mes indispensables escapades littéraires hebdomadaires. Une nouvelle et fort récente virée chartraine aura enfin été l'occasion de m'en donner le coeur net, je parle ici de l'efficacité de la prose ainsi dénommée.
Stéphane Hessel, dont les auréoles ne cessent de pleuvoir sur un parcours existentiel aussi brillant qu'engagé, est aujourd'hui âgé de 93 trop courtes années, au vu de l'énergie débordante dont ce nonagénaire semble encore largement être pourvu.
La maison d'édition Indigène, "ceux qui marchent contre le vent", et qui se définit elle-même comme "une maison d'édition dédiée aux savoirs et aux arts des cultures non industrielles des premières nations - Aborigènes d'Australie, Indiens d'Amérique, Tibétains, Inuit, Maoris... - sans oublier les "Indigènes" de nos propres sociétés, ces pionniers, chez nous, qui entendent rompre avec les logiques mercantiles, protectionnistes, standardisées, tout en dégageant de nouveaux pôles d'autorité intellectuelle et de viabilité économique", se paie "le luxe", pour ne pas dire le culot, d'éditer à peu de frais une littérature décalée, critique et ô combien utile en ce monde où la presse n'est au fond que le plus puissant instrument de pouvoir et de manipulation jamais mis en oeuvre, abrutissant nos sociétés par tant de désirs matériels, pour ne pas dire matérialistes, désirs constamment attisés et frustrés par un pathétique orchestre industriel et industrieux dépourvu de la moindre once de morale, sans même parler d'éthique ou de déontologie, termes définitivement surannés, il va malheureusement sans dire.
Il est vrai que Monsieur Hessel avait - et a encore ! - de quoi agacer les plus grands de ce monde...
Né à Berlin en 1917 dans une famille juive, d'un père, Franz Hessel, écrivain et traducteur et d'une mère, Helen Grund, peintre, mélomane et écrivain à ses heures, Stéphane Hessel arriva à l'âge de 7 ans dans le milieu avant-gardiste parisien, cotoyant dès le plus jeune âge des personnalités telles qu'un Marcel Duchamp ou encore un Alexandre Calder.
Après de brillants débuts à l'Ecole Normale Supérieure, il dû interrompre ses études afin de rejoindre les troupes alliées. Stéphane Hessel participa alors activement à de nombreuses actions de résistance, en France comme en Angleterre, aux côtés du Général de Gaulle. Dénoncé, torturé puis envoyé à Buchenwald par une Gestapo plus redoutable que jamais, il dû sa survie à ce qu'il nomme lui-même une chance inouïe, chance qui ne cesserait alors plus de l'accompagner tout au long de sa trépidante et non moins longue existence.
En 1946, après avoir réussi le concours d'entrée au ministère des Affaires Etrangères, il devint diplomate. Lors de son ambassade auprès des Nations Unies, il participa à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme... Il poursuivit ensuite sa carrière aux côtés d'un certain Pierre Mendès France ou d'un autre François Mittérand, avant de prendre enfin une "retraite" politique plus que méritée.
Stéphane Hessel trouve encore aujourd'hui le temps de nous interpeller, nous, les générations de demain, et peut-être pas assez d'hier, celles qui ont trop vite oublié les leçons de l'histoire du totalitarisme, ce même totalitarisme mutant dont nous croyons si naïvement être détachés...
Je vous invite donc bien modestement à découvrir ce (dernier ?) cri de résistance, que l'auteur résume lui-même sous la formule :
" CREER, C'EST RESISTER.
RESISTER, C'EST CREER."
Que ce cri ne soit pas perdu au milieu du désert de nos vies...
Que cet appel soit source de création pour les générations présentes et à venir !
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