vendredi 25 février 2011

Adieu, Monde de m...

...écréants !!!

Je ne résiste pas en ce jour que d'aucuns pourraient croire chômé, les naïfs !, au plaisir de vous conter par le menu, la substantifique moelle de cette trépidante et comique existence qui est la mienne. Il me faut toutefois d'ores et déjà préciser au lecteur averti, qui en vaut deux, donc, selon mes sources, qu'une journée qualifiée à grand tort de "vacances" n'est jamais plus, pour toute mère qui se respecte, qu'une longue et interminable succession de surprises.

J'avais dans l'idée que cet énième exemplaire de notre ô combien célèbre courage maternel serait enfin une exception qui confirmerait, à juste titre, l'adage carolingien : "une mère en vacances est une mère au foyer". Vous noterez au passage que la réciproque n'a toujours été démontrée à ce jour. Nous considérerons donc ce prédicat comme un axiome, au vu des nombreux siècles de réflexions infructueuses...

Après un réveil aux aurores, que je mettais, "comme de bien entendu", au profit de la communauté, des autres donc, me voilà le nez dans les lessives, les mains dans le rangement et les pieds dans les réjouissances quotidiennes que sont les réveils, assez peu matinaux il est vrai, d'adolescents au cheveux hirsutes et autres joies du petit déjeuner. C'est à cet instant que vint le moment tant attendu : le si rare, l'inespéré, le réjouissant rendez-vous "coiffeur", rendez-vous que j'avais eu l'outrecuidance de prendre pour moi SEULE, qui plus est. Vous n'imaginez pas le bonheur qu'une telle perspective peut procurer à la ménagère que je suis. Plaisir solitaire s'il en est.
Me voilà arrivée "en ville", fraîchement douchée et en avance sur l'horaire prévu, oui monsieur, elle est trop forte la dame. J'en profite alors pour filer au temple de l'écran, que dis-je, à la cathédrale de l'énergie gaspillée, j'ai cité, damoiselles, damoiseaux, la très (trop ?) célèbre FNAC, qui est à la culture ce que Marc Levy est à la littérature : un fantôme.
Bref, j'avais décidé depuis quelque temps maintenant d'investir dans un "PC portable" dernier cri, avec tout dedans et rien autour, à un prix ne défiant malheureusement aucune concurrence, la loi du marché parait-il.
Me voilà, de fil en aiguille, on ne se refait pas, conversant avec un fort entreprenant "conseiller clientèle" au look de surfeur et à l'oeil océanique, admirant ces petites bêtes dont, à vrai dire, je n'avais que faire, mais qui revêtaient là un charme assez inespéré.

- Je vous mets lequel ?
- Celui-ci, vous serez bien urbain. (Et pour commencer, pensai-je rêveusement. Vous n'avez pas idée de ce qu'un état de manque hormonal peut faire à une mère de famille des plus respectables)
- Désolé, je n'en ai plus en stock. Il ne me reste que le modèle d'exposition.

Cela m'aurait étonnée ! Que de la gueule ces jeunes tout justes pubères. Est-ce qu'il m'a bien regardée lui. Oui, pourtant... J'ai pas une tête à me contenter des modèles d'exposition, moi, monsieur. Je me suis d'ailleurs toujours dis qu'il valait mieux se méfier des apparences... Bref.

- Je prendrais celui-là alors. Si vous "l'avez en stock", ajoutais-je ironiquement.

Et là, je ne sais pas ce qui s'est passé, un moment d'égarement de monsieur, très surement, peut-être mon regard un peu trop appuyé, regard où il aurait mieux fait de n'y voir qu'un agacement certain plutôt qu'un plaisir inexistant, le voilà rédigeant la facture de la commande que je pensais avoir clairement énoncée.

Le programme de la journée se déroula ensuite de la manière la plus ordinaire qui soit jusqu'à ce qu'un appel de mon cher informaticien de fils me sorte de ma quasi-léthargie de taxiwoman improvisée.

- Maman ?
- Oui, c'est moi, du moins jusqu'à preuve du contraire.
- Très drôle.
- Oui, je sais. Mais j'm'entraîne !
- Haha. Tu vas moins rire là. Tu sais que tu t'es bien "faite" avoir ce matin...
- ???
- Le gars, y t'a r'filé un modèle d'expo. En plus l'écran est plein de rayures.
- Non !!....
- Si !!
- Bouge pas j'arrive.

Me voilà repartie à l'autre bout de la ville pour récupérer l'arme du crime, du moins celui qui se profilait. Inconscient, moi j'dis. Me faire ça, à moi ! Y va voir de quel bois j'me chauffe suilà ! Comme si j'avais que ça à faire de me promener tous les quatre matins dans sa boutique. Monde de m...écréants !

Frein à main, récupérage express du PC, retournage "en ville", garage dépité dans ce palais du racket organisé que sont ces incontournables parking souterrains...
Passablement énervée, je somme l'hôtesse d'accueil qui semblait préférer se tourner les pouces que me donner un coup de main d'appeler le responsable de cette "mévente" qui tournait dorénavant au vinaigre.
Monsieur le surfeur arrive, la board en bandoulière, croyant peut-être stupidement à une insistance de ma part. C'était sans compter le (res)sac que je lui brandit fièrement sous le nez :
- Va falloir m'expliquer "cela" clairement. Il m'avait semblé être bien claire ce matin. Non seulement je voulais acquérir un PC NEUF mais en plus j'aurais préféré ne pas me déplacer inutilement cet après-midi, voyez-vous !

Monsieur semble avoir raté la vague, il ânone quelques pâles excuses sur un sable plus que mouvant. Pour lui remettre les idées à flot je lui assène un dernier coup derrière les oreilles :

- Vous pourriez peut-être demander à vous occuper des stocks, non ?

Tout en rougissant de déplaisir et alors que ses collègues ricanaient sous cape, le voilà rédigeant enfin une facture digne de ce nom, facture que je ne manquais pas de vérifier volontairement devant ses yeux de merlan frit. Re-caisse, re-"livraison-service après-vente", quel sens de l'à-propos, me dis-je, re-vigile à la sortie, oui, monsieur je l'ai payé celui-là, et plutôt deux fois qu'une. Re-parking bondé et re-attente aux bornes.
Mais comme un malheur n'arrive jamais seul, me voilà plantée devant ma bétaillère, fouillant, vidant, pestant, soulevant, sièges, sacs à main et autres pneus afin d'essayer de retrouver ce ticket qui avait le mauvais goût de demeurer introuvable. Je vous fais grâce des quelques jurons qui n'ont pas manqué d'échapper de ma si chaste bouche, des interminables minutes qui s'écoulaient et du peu d'efficacité de mes recherches. C'est la mort dans l'âme et le portefeuille en berne que je me dirigeais enfin vers l'accueil du parking susnommé afin d'essayer de sortir mon tank de ce bourbier.
L'accueil dudit parking se résume tout bonnement à une vague borne pour polytechniciens de passage. Après avoir étudié l'engin de très près, je finis par trouver le bouton semblant servir de fil rouge au négligeant conducteur :

- Bonjour monsieur. J'ai eu l'assez mauvaise idée de perdre mon ticket. Comment puis-je faire dorénavant pour quitter votre humble demeure ?
- Vous remontez vers la sortie puis, à la borne, vous m'appelez (encore !), je vous enverrai le tarif pour que vous puissiez payer en carte bancaire. Je peux vous déjà vous dire que cela vous coûtera dix huit euros.
- DIX HUIT EUROS !!! Pour trois quart d'heure !!!
- Oui madame, c'est la même chose pour tout le monde.

Après un essai infructueux de négociation avortée et voyant qu'il était inutile d'insister, j'abdique. Monsieur règne ici en maître. Et au royaume de la connerie, le gardien est roi.

Je laisserai le mot de la fin à notre Anne-So nationale, qui nous aura valu un salvateur fou rire :

Alors que nous allions d'un pas alerte chercher nos artistes en herbe à la dernière séance de sculpture, je lui racontais mes déboires de la journée. Arrivées à l'atelier, nous récupérons, dubitatives, les oeuvres de nos rejetons respectifs. A peine avais-je entre les mains celle de ma chère tête blonde que celle-ci pencha dangereusement vers l'avant, manquant de peu l'irrémédiable décapitation.
C'est là que j'entendis une petite voix me dire :

- C'est pas grave, t'as qu'à demander le service après-vente !

Comme quoi, c'est dans les moments les plus difficiles que l'on peut compter sur ses vrais amis.

1 commentaire:

L'avons plus en stock a dit…

Désolée, M'dame, votre sculpture, on n'a que le modèle d'exposition...