Bien mal inspiré serait celui qui passerait à côté d'elle sans la lire !
Ecrivain italien (sarde pour les puristes) reconnu(e) sur le tard, Milena Agus enseigne l'italien et l'histoire à Cagliari.
Son écriture incisive jette sur la vie le sang des mots simples qui font mouche.
Aucune vaine concession.
Une force pure s'associant à la frêle puissance.
Mon voisin est un "roman" inédit. Une quarantaine de pages comme "quelques minutes de bonheur" :
"Elle avait l'intention de consacrer son énergie à une bien meilleure idée de suicide, quelque chose que tout le monde prendrait pour un accident. La barre qui tenait le rideau de la douche était tombée. Elle monterait sur le bord de la baignoire d'eau en y laissant tremper le rideau. Puis, avec les outils et toujours en laissant le robinet ouvert, elle déraperait dans la baignoire et se noierait.
Personne dans sa famille ne pourrait l'accuser d'avoir voulu échapper aux difficultés de la vie en laissant un orphelin, et le petit, une de ses soeurs avec une famille normale le prendrait.
Mais pour le moment, puisque le voisin et son fils surgissaient de l'épaisseur du feuillage, et qu'au moindre bruissement elle courait au balcon, et que son petit muet aussi s'exprimait avec force gestes et sourires quand il les voyaient, le suicide pouvait être reporté, et peut-être même, par la suite, tranquillement perfectionné."
Battements d'ailes et Mal de pierres sont, quant à eux, très largement à la hauteur.
Trois courts romans à découvrir de toute urgence.
Mon voisin, Milena Agus, éditions Liana Levi, piccolo.
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