mercredi 1 février 2012

L'irremplaçable valeur de l'inutilité

"Voilà, pour moi, escalader à une valeur ajoutée, celle de ne servir à rien. Dans le grand atelier quotidien des efforts consacrés à un avantage, à un intérêt, l'escalade est enfin affranchie de l'obligation d'être utile. Elle désobéit à la loi de marché qui prévoit des contreparties à l'investissement, au risque. Escalader, c'est seulement àskesis que nous traduisons pas ascèse, mais qui en grec n'avait rien de spirituel, et qui était en fait un exercice, une pratique. Il est gratis, avec cette légère grâce qu'on recherche dans ses propres actes. La grâce qu'un poète, Blanca Varela, a qualifiée de graisse périssable."

A travers cet extrait de l'ouvrage "Sur la trace de Nives" (Nives : immense alpiniste devant l'éternel), Erri de Luca, comme à son habitude, transcrit magnifiquement mon amour profond et inextinguible pour la marche, cet "inutile" dépassement de soi qui me réconcilie avec ce qui fait de moi un être de chair et de sang, me donnant à chaque pas franchit la mesure de moi-même.

Voilà un ouvrage à mettre, me semble-t-il, dans toutes les mains des marcheurs, petits ou grands, du dimanche, du lundi ou de tout autre moment de nos trop courtes semaines.

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