mercredi 15 février 2012

Vie divine

"J'ai vu le mal que se font les hommes. C'est un usage qui ne fait ni avancer ni reculer, qui n'élève ni n'abaisse. Le mal ne fait rien aux hommes. Mais un amour qui n'admet pas de capituler et ne peut être partagé, un de ceux qui auraient en soi cette sorte de musicien perpétuel peut faire quelque chose aux hommes. C'est ce qui transforme sa propre vie en art. Il y eut ceux qui, pour imprimer leur signe, choisirent comme matière le marbre, la toile, les pages, et ceux qui le gravèrent dans le vide des hommes."

Acide, Arc-en-ciel, Erri de Luca, recueil de trois divines nouvelles.

L'une de nos tardives conversations au coin du feu amena l'un de mes chers amis à la conclusion suivante : vivre une vie "bonne", une vie "sans regrets" c'est vivre une vie "divine"; et une vie "divine" ne peut être que le résultat d'une vie d'artiste.
Voici transcrit dans cet extrait de la dernière oeuvre traduite d'Erri de Luca, quasi mot pour mot, ce que je pense de la vie "bonne", de celle que cet ami aura définit par un concept "divin", ce que pour ma part, je nommerais plutôt une "transcendance de notre irrémédiable finitude". Ces mots sont ceux du protagoniste principal de la seconde nouvelle du recueil, nouvelle d'une profondeur difficilement égalée soi-dit en passant, protagoniste qui n'est autre qu'un prêtre au seuil de la mort relisant sa propre vie à l'aune de ce qu'il a choisi de vivre.

Où la vocation agnostique rejoint l'appel d'une âme qui refuse de se résoudre au malheur...

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