jeudi 17 février 2011

Chroniques de la connerie ordinaire




Après Céline sur le banc Destouches, Courbet renvoyé aux origines. - elle est un peu facile, je le reconnais.

Voilà le fin mot de l'affaire qui peut-être vous a échappé. Une brève dans Le Monde et dans Le Figaro : un peintre danois se fait proprement éjecter de Facebook au motif qu'il a publié sur son mur (virtuel, pas le sien) une reproduction du tableau de Courbet, L'origine du monde.

Laissons à César ce qui appartient au musée d'Orsay depuis 1995. Je ne suis hélas pas en mesure de vous proposer un commentaire du tableau, vous trouverez ci-dessous celui du musée, sur le site duquel, comme partout ailleurs sur le net, la toile est reproduite.

"Le premier propriétaire de L'Origine du monde, et certainement son commanditaire, fut le diplomate turco-égyptien Khalil-Bey (1831-1879). Figure flamboyante du Tout-Paris des années 1860, il rassemble une éphémère mais éblouissante collection, dédiée à la célébration du corps féminin, avant d'être ruiné par ses dettes de jeux. Par la suite, le destin précis du tableau reste mal connu. Jusqu'à son entrée au musée d'Orsay en 1995, L'Origine du monde, qui faisait alors partie de la collection du psychanalyste Jacques Lacan, représente le paradoxe d'une oeuvre célèbre, mais peu vue.

Courbet n'a cessé de revisiter le nu féminin, parfois dans une veine franchement libertine. Mais avec L'Origine du monde, il s'autorise une audace et une franchise qui donnent au tableau son pouvoir de fascination. La description quasi anatomique d'un sexe féminin n'est atténuée par aucun artifice historique ou littéraire. Grâce à la grande virtuosité de Courbet, au raffinement d'une gamme colorée ambrée, L'Origine du monde échappe cependant au statut d'image pornographique. La franchise et l'audace de ce nouveau langage n'excluent pas un lien avec la tradition : ainsi, la touche ample et sensuelle et l'utilisation de la couleur rappelle la peinture vénitienne, et Courbet lui-même se réclamait de Titien et Véronèse, de Corrège, et de la tradition d'une peinture charnelle et lyrique.

L'Origine du monde, désormais présenté sans aucun cache, retrouve sa juste place dans l'histoire de la peinture moderne. Mais il ne cesse pourtant de poser d'une façon troublante la question du regard."

Là où l'affaire devient vraiment cocasse, si elle n'était déjà pas suffisamment ridicule, c'est que, en cherchant à en savoir davantage à son propos, je "googlise" les mots suivants : "l'origine du monde facebook", et je tombe sur... un groupe Facebook qui porte le nom du tableau et le reproduit pleine page sur son mur. Comment diantre ont-ils échappé à la vigilance puritaine des modérateurs facebookiens ? Mystère et boule de gomme.

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