vendredi 9 mars 2012

Journée de l'infâme

Il était une fois une société si malade, si imbue d'elle-même, si puissamment aveugle au malheur qu'elle générait en son sein qu'elle se sentie obligée, entre autres inepties, d'instaurer pour cette minorité un peu trop visible qu'est la gente féminine une journée où tous les honneurs devaient lui être réservés, ce qui, il est vrai, n'était que très rarement coutume.
La mascarade battait sont plein lorsqu'une vague représentante de la susdite minorité entendit à la radio un témoignage de "ces hommes politiques qui faisaient honneur aux femmes" : "Et c'est ainsi que Tartampion leur rendit visite en grande pompe à la maternité de Trifouillis-les-oies afin de redonner tout son sens à ce bel évènement qu'est la journée de la femme" (sic... !)
Pour un peu les bras lui en tombait ! Aller féliciter les parturientes épuisées de leur prouesse du jour était donc le plus grand égard qu'un homme puisse avoir envers la féminité.
C'était effectivement un bien bel amalgame que celui-ci. Aux yeux des hommes donc les femmes étaient, au mieux, des mères en ce jour "béni" et le reste du temps des montants exorbitants de "pénalités dues au titre du non-respect de la parité dans les partis politiques".
Il est vrai que se rendre dans une maternité le jour de la fête des femmes (qui, vous l'aurez donc noté ne sont en l'espèce que des mères...), seul un homme pouvait en tirer une telle gloire, que ce soit le journaliste fort content de son pathétique reportage ou l'homme politique fier de sa trouvaille, pour ne citer qu'eux.
Je me vois donc dans l'obligation de vous dire, messieurs, un petit truc qui me tient particulièrement à coeur depuis longtemps : si vous pouviez nous lâcher un peu les baskets avec vos droits si gauches et vos compassions si absconses, il ne serait plus nécessaire de nous faire part si "maladroitement" de votre culpabilité tout à fait fondée quant à votre égoïsme légendaire et passablement incurable, pour la plupart d'entre vous !
A vrai dire, on ne vous avait rien demandé, des siècles d'esclavage domestique ayant imprimé en nos féminines consciences une certaine dose de modestie face aux existences qui sont les nôtres.
A bon entendeur,