lundi 16 août 2010

Ciao bambini !



Dimanche 15 août 2010, Craveggia, copieusement arrosée.

Réveil matinal pour, à défaut d’Assomption, constater si l’ascension de La Piana est enfin possible. C’était croire au miracle… Pluies torrentielles et brumes matinales ne nous quittent plus, de vraies sangsues. Je décide donc, non sans plaisir et après un bon Earl Grey fumant, de me livrer aux mots, les miens et ceux des autres, en l’occurrence ce cher Conrad, attendant le réveil tardif de ces sempiternels adolescents fatigués.

En milieu de matinée et contre toute attente, alors que s’esquissent sous ma plume quelques vers pas trop mûrs, je découvre enfin, émergeant de ses langues vaporeuses et tenaces, l’imposante chaîne enneigée des Pré-Alpes qui culminent à plus de 4500 mètres, traçant ainsi les lignes régulières de la toile de ma fenêtre sous les toits. Le ciel me fait même la grâce d’y parsemer quelques coins de ciel bleu, laissant au soleil le soin d’inonder de lumière les hauts sommets du Monte Rosa.

Abandonnant les enfants qui émergent péniblement de leur « miquettes » nutellisées et de leur bol « di latte fresco », je pars libre comme l’air et les chaussures de marche aux pieds faire une nouvelle fois le tour de ce si beau village di Craveggia. C’est un vrai petit bijou, dans son écrin de verdure, posé à même la montagne, à une altitude de 883 mètres, si j’en crois la pancarte indicative affichée à l’entrée du bourg, ce qui change passablement de mes 23 mètres de la rue du jeu de Paume ! Les rudes maisons en granit, chapeautées de ces typiques toits de lauze, enserrent les venelles pavées et ombragées desquelles déboulent régulièrement « gli bambini e gli sui genitori », affairés à la préparation de cette fête nationale qu’est la montée du premier chrétien au royaume des âmes perdues. La ferveur est palpable jusque dans les rues les plus reculées et chaque passant me salue avec gentillesse, le sourire curieux aux lèvres, échangeant avec moi un « buon giorno » franc et sympathique. L’appareil photo in the pocket et le soleil dans le dos, je gravis les hauteurs de « Craveg », admirant le magnifique champ de toits qui s’étend devant moi et dont le gris moucheté si minéral répond à la brume incessante de ces derniers jours. Eglises, Chapelles et Belvédères m’accueillent, toutes portes ouvertes en ce jour si pieux. J’y trouve le silence et m’imprègne de cette sérénité qui m’est toujours si chère. Chaque « chiesa » abrite des trésors d’architecture et de peinture. Les objets de culte resplendissent et si l’on ne se souvenait être entré dans ce lieu ô combien religieux, on pourrait croire sans peine visiter un musée. Ici, chacun entre ou sort comme il le souhaite et personne n’oserait, ne serait-ce que du bout des doigts, toucher la moindre parcelle de ces œuvres d’art, alors même qu’aucun gardien ne veille le pèlerin qui passe.

Après le déjeuner, nous décidons de partir « tous ensemble » continuer le tour de la vallée, et ce, pour le plus grand plaisir des enfants, il va sans dire, eux qui n’avaient qu’une envie : agrandir la cabane perchée dans le vieux châtaignier, cabane entamée l’été dernier à la faveur du beau temps… Nous réussîmes tout de même à visiter Toceno et Vocogno mais dûmes rebrousser chemin après un « cappuccino-gelatti » dégusté sur la place du village, l’orage et le désespoir nous obligeant à rebrousser chemin, le parapluie en berne et la chaussure trempée.

Les enfants retrouvèrent donc avec joie la cabane tant convoitée et sous une pluie battante, terminèrent la journée à l’abri d’un judicieux système de toiture. Quant à moi, je me ruais sur le stock de livres qui, malgré un sens de l’organisation bien rodé, suffira tout juste à agrémenter ce séjour montagnard et pluvieux.

Photo caro, vue de Craveggia.

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